Galerie P4 à Laxou : la culture comme remède aux problèmes de santé mentale
Lieu inédit dans le Grand Nancy, la Galerie P4 interroge notre approche de la santé mentale par le biais de l’art. De nombreuses expositions, des ateliers et des résidences d’artistes sont proposées où les patients, les soignants et le public extérieur peuvent se rencontrer autour d’un regard renouvelé sur la psychiatrie.
En novembre dernier, une nouvelle galerie d’art a ouvert ses portes dans un lieu hors du commun. La Galerie P4, du nom du parking où est installée la galerie, se trouve au Centre Psychothérapique de Nancy (CPN), à Laxou. Elle voit le jour sous l’impulsion de Jean-Yves Camus, photographe et artiste multitâche maxois, travaillant depuis 15 ans dans la médiation culturelle en milieu psychiatrique. L’idée derrière cette galerie ? Il s’agit de déstigmatiser la santé mentale, un sujet encore sensible aujourd’hui.
Pour cela, le projet a pour ambition de proposer des expositions photographiques et des actions artistiques contribuant à porter un nouveau regard sur la psychiatrie, visant tous les publics et toutes les tranches d’âges. La Galerie est autant commune que participative, impliquant artistes, public ainsi que les résidents et soignants du CPN. Le public y trouvera donc des ateliers de pratiques artistiques, des conférences et des résidences d’artiste. L’ensemble est soutenu par un grand nombre d’acteurs régionaux, puisque la Galerie P4 jouit du soutien financier de la DRAC Grand Est, du département de Meurthe-et-Moselle et de la métropole du Grand Nancy, entre autres.
C’est dans cette optique de changer le regard sur la santé mentale que Guillaume Martial, artiste et photographe, a récemment contribué à la Galerie P4 avec une résidence composée de deux volets : une exposition photo intitulée Questions d’espaces et un atelier photographique nommé Images plurielles.
Dans cette résidence, Guillaume Martial expose les recherches qu’il a développées lors de ses dernières résidences en milieu carcéral et en établissement de santé mentale. Guillaume Martial a travaillé avec des détenus dans des prisons en Normandie et en Bourgogne, de même qu’avec des patients du CPN de Laxou. Ses photos donnent une perspective inédite sur la notion spatiale de l’enfermement, qu’il soit physique ou mental. L’artiste joue avec l’espace clos et délimité, offrant une nouvelle lecture de ces lieux et de nouveaux espaces de liberté imaginaire. Concernant l’atelier photo Images plurielles, Guillaume Martial propose avec les jeunes patients du pôle Adolescents du CPN une expérimentation de la mise en scène et de la narration photographique.
Photos d’un homme escaladant un radiateur dans une salle enfermée, la transformant en espace de jeu.
Nous avons visité l’exposition le samedi 29 mars pour vous offrir un retour sur le travail de Guillaume Martial. La promesse faite par l’artiste est tenue : ce questionnement sur l’incarcération est bien mis en lumière à travers ses photos, où l’on peut y voir des cours des prisons entourées de grillages comme des salles closes et angoissantes, dépourvues de meubles.
Néanmoins, l’artiste montre que cet enfermement corporel et psychique n’est pas une fatalité, mais un état par lequel il est possible de sortir par le biais de l’art. Bien qu’étant enfermé, nous pouvons percevoir et palper la liberté en prenant part à des activités créatives et culturelles. C’est ce que démontrent les photos suivantes, représentant un plan de prison en couleur ou même des grilles en noir et blanc, quittées par des personnages sortant la photo elle-même.
Le noir et blanc des photos représente l’enfermement que vivent certaines personnes, mais les couleurs et le cercle représentent la liberté à travers l’art
Au delà de la seule prestation artistique, c’est la création elle-même qui est interrogée, l’imaginaire constituant alors un moyen de dépasser son enfermement.
Un homme a recours à son imaginaire pour se créer des sorties de son isolement
A présent achevée, l’exposition Question d’espaces de Guillaume Martial laissera sa place à deux artistes : à Emmanuelle Blanc avec Comme de l’eau de roche et à Camille Bonnefoi avec Pelures. Celles-ci exposeront à partir du 17 avril prochain, en lien avec la biennale l’Événement Photographique #3 qui aura lieu à l’Octroi du 25 avril au 18 mai.