La Lorraine n’est pas à eux : la préfecture interdit la marche de l’extrême-droite

La Rédaction
par La Rédaction
le dimanche 05 janvier 2025

Ce dimanche 5 janvier, l’extrême-droite identitaire prévoyait d’organiser une marche aux flambeaux en plein Nancy, tentative de s’installer dans notre cité en récupérant à son compte l’histoire lorraine et la bataille de Nancy du 5 janvier 1477. Avec une mobilisation antifasciste à quelques pas, la préfecture a décidé d’interdire les deux manifestations.

Surtout connu pour avoir lancé une mobilisation et planifié un attentat contre Bilal Hassani en 2023, le groupe “Aurora Lorraine” est à l’origine d’une marche “en l’honneur de l’identité lorraine” qui devait avoir lieu ce dimanche. Né de la dissolution de Génération identitaire en 2021, Aurora est basé à Metz, ne parvenant pas à s’installer à Nancy malgré des liens avec l’extrême-droite locale. Le prétexte trouvé pour cette marche est la fête nationale de la Lorraine, soit l’anniversaire de la bataille de Nancy, qui vit le duché de Lorraine conserver son indépendance par la victoire de René II sur Charles le Téméraire, duc de Bourgogne. La bataille est célébrée chaque année par les nationalistes comme par les régionalistes sur la place qui lui est dédiée, celle de la Croix de Bourgogne, ou comme aujourd’hui devant la statue de René II, Place Saint-Epvre.

La marche prévue par Aurora devait partir de la Porte de la Craffe pour arriver à Saint-Epvre, démonstration de force pour le groupuscule qui cherche à s’implanter à Nancy. Il ne faut pas y voir un hommage mais une réappropriation haineuse, car les militants d’Aurora n’ont rien de régionalistes : ce sont des suprémacistes et des néofascistes qui galvaudent la culture lorraine en rabachant leurs obsessions sur l’immigration et la “race blanche”. “Aujourd’hui comme hier, les lorrains (sic) doivent tout mettre en œuvre pour lutter contre l’envahisseur”, disent-ils : hier des Bourguignons, aujourd’hui des migrants…

A l’appel du Bloc-antifasciste de Nancy, des syndicats et des partis (LFI et les Écologistes ; le PS et le PCF manquant à l’appel), une contre-manifestation devait avoir lieu à quelques centaines de mètres, devant la statue de Jeanne d’Arc. Finalement, aucune des deux manifestations n’auront eu lieu : la préfecture craignant des affrontements semblables à ceux de juin dernier, elle les fit interdire in extremis.

Dans une publication critiquant l’interdiction (et bourrée de fautes de grammaire…), Aurora geignit sur la supposée complaisance des autorités envers “l’extrême-gauche”, alors même que trois antifascistes comparurent devant la justice en décembre, pour s’être défendus face à une attaque d’extrême-droite…

Quoiqu’il en soit, pour Aurora, c’est sans doute plus drôle d’obtenir l’annulation d’un concert par des menaces de mort ; mais la mobilisation aura eu le dernier mot : leurs idées nauséabondes ne sont pas les bienvenues à Nancy.